Diputación Foral de Guipúzcoa
Gipuzkoakultura
10 octobre 2024

La Marine de Guerre Auxiliaire d'Euzkadi
(1936-39)

Le déminage

Opérations de minage

Le premier minage du port de Bilbao fut effectué par le destructeur Velasco au matin du 24 septembre 1936. Il mouilla 40 mines au total entre Punta Galea et Punta Lucero. L'objectif de ces mines était de fermer l'entrée de Bilbao pour la Flotte Républicaine, qui à cette époque arrivait au nord en provenance de la Méditerranée. La Direction de la Défense de Biscaye mobilisa des chalutiers de fonds, le Danak Ondo et le Marce pour agir contre les dragueurs de mines. Le champ fut découvert le même jour 24 et les dragueurs basques réussirent en peu de temps à ouvrir une voie, de sorte que le 26 la flotte put entrer sans contretemps.

Esquema del minado de Bilbao el 24-9-36La deuxième tentative de miner Bilbao échoua lorsque dans la nuit du 7 au 8 janvier le chalutier armé Nabarra surprit les Velasco et Genoveva Fierro avant de commencer l'opération. Ils revinrent pendant la nuit du 15 au 16, et réussirent à cette occasion à mouiller les 97 mines que portaient le Genoveva et 50 anti-dragueurs du Velasco en établissant une barrière qui commençait à 2 milles à l'est de Castro et s'étendait en direction NE jusqu'aux environs de Cabo Villano. À cette occasion, les mines provoquèrent le coulage du patrouilleur Goizeko-Izarra et le dragueur de mines Mary-Toya et firent 23 victimes. Dans les mois suivants, ces minages se répétèrent à deux reprises sans aucun succès. Des champs supplémentaires furent installés en face de Santander, Gijón et Avilés mais le seul "succès" obtenu fut le coulage du cuirassier franquiste España face à Santander (30-4-37).

Les mines mouillées par les rebelles en face de Bilbao étaient de deux types. Ils commencèrent à utiliser les mines "en bâton" classiques, de marque Vickers H-16-A de fabrication britannique de la Première Guerre Mondiale, mais fabriquées en Espagne sous brevet. Il s'agissait d'un modèle obsolète et que les Anglais avaient rejeté à cause de son mauvais fonctionnement. Leur efficacité était pratiquement nulle, certains navires entrèrent même en collision avec ces mines sans exploser. Pour les mettre en place, on utilisait le destructeur Velasco qui pouvait en transporter 60, ainsi que le mineur Júpiter qui pouvait en transporter 264.

Minador JUPITERLe second type utilisé était la mine allemande "à cornes", type EME, appelée "offensive" qui datait également de la Première Guerre Mondiale, même si le modèle était plus avancé. Elles avaient une forme sphérique, avec cinq cornes en plomb dans la partie supérieure et détonnaient au contact. Elles avaient été directement achetées aux Allemands pendant la guerre. On aménagea d'abord pour les transporter le Genoveva Fierro, qui pouvait en transporter 100 dans les rails du pont et 100 supplémentaires dans les cales. On adapta aussi le Júpiter pour la même mission. Ces mines provoquèrent le coulage du Goizeko-Izarra, du Mari-Toya et, plus tard du cuirassier España ; elles représentaient un véritable danger pour la navigation.

Avec les mines était installé un autre type d'engin appelé chasse-dragueur ou anti-dragueur, ou mines "en calmar" ; leur objectif était de casser les filets de dragage des drague mines, et de protéger ainsi le champ miné. Leur aspect était similaire aux mines "véritables", mais leur carcasse ne contenait pas de charge explosive et n'agissait que comme flotteur. Un mètre au-dessous du flotteur se trouvait un dispositif "en calamar" qui contenait une petite charge de TNT. Lorsqu'il était accroché par le câble de dragage, il explosait en coupant le filet. Ils étaient mouillés par le Velasco et le Jupiter, combinés avec les précédents.

TIPO DE MINAS MANUAL REPUBLICANOAprès la chute de Bilbao, les franquistes reçurent un nouveau type de mine, appelé "en poire". Elles étaient de construction allemande, modèle Carbonit, et avait la forme que leur nom indiquait et cinq cornes dans la partie supérieure. Leur mécanisme de détonation était similaire à celui des mines "en cornes". Pour les installer deux navires de pêche furent aménagés, le Felisa Rodal et le Rodal Barreiro ; on les équipa de voies spéciales qui leur permettaient d'embarquer quatre mines chacun. Ils opérèrent en juillet 1937 depuis Ribadeo, et mouillèrent au total 32 mines entre Gijón et Avilés. Ils n'eurent aucun succès - notamment à cause de leur faible nombre.- Même si ce type de mines ne fut jamais semé dans les eaux d'Euskal Herria, certains dragueurs de mines basques qui partirent aux Asturies après l'évacuation de Santander collaborèrent pour le dragage.

Le minage des ports républicains (1936-1937)
Port BarriÈre Date Mineur Mines Vickers Mines Mines Carbonit Mines anti dragueurs Total Mines
BILBAO Abra 24-9-36 VELASCO 40       40
AVILES Port 13-1-37 VELASCO 20     29 49
BILBAO Castro Urdiales 16-1-37 GENOVEVA F.   97     97
Castro Urdiales 16-1-37 VELASCO       50 50
AVILES Port 10-2-37 VELASCO 29     17 46
GIJON El Musel 10-2-37 VELASCO 5       5
BILBAO Oriñón 19-2-37 VELASCO 39     21 60
SANTANDER Port 1-4-37 JUPITER   46   25 71
BILBAO Punta Galea 29-4-37 VELASCO 60       60
GIJON El Musel 1-5-37 JUPITER   52   32 84
SANTANDER Cabo Mayor 2-7-37 JUPITER 20       20
Galizano 2-7-37 JUPITER 20       20
GIJON El Musel 16-7-37 F. RODAL     4   4
GIJON Cabo Torres 18-7-37 F. RODAL     4   4
GIJON Isla S. Lorenzo 19-7-37 F. RODAL     4   4
AVILES Avilés-C. Peñas 24-7-37 RODAL B.     4   4
AVILES Avilés-C. Peñas 28-7-37 F. RODAL     4   4
AVILES Avilés-C.Peñas 29-7-37 RODAL B.     4   4
AVILES Cabo Negro 30-7-37 RODAL B.     4   4
AVILES NW de C. Peñas 31-7-37 F. RODAL   4 4
TOTAL MINES MOUILLÉES 233 195 32 174 634

Le dragage de mines

MARCESuite au minage effectué le 16 janvier, la Direction des Forces Navales républicaines du Cantábrico [dénomination espagnole du Golfe de Gascogne] assuma la direction du dragage, en affectant à ces travaux le personnel spécialisé de l'Armée et en réalisant même des vols d'exploration avec des hydravions. La Section de Marine d'Euzkadi lui fournit une petite flotte de dragueurs de mines avec le personnel et les moyens nécessaires. Mais après le décès du responsable du dragage, sous-lieutenant de navire Julián Sánchez-Gómez, lors du coulage du Mari-Toya, la Marine Républicaine ne fut pas capable d'organiser efficacement le dragage.

Le 1er février la Marine de Guerre Auxiliaire décida de prendre la relève. On nomma Délégué de Marine à Portugalete le capitaine José María Burgaña et il fut chargé d'organiser les services de recueil des mines. Burgaña utilisa pour ces opérations les embarcations et l'équipage mis à disposition de la Marine Républicaine, au total 6 dragueurs de mines (Jaimín, Rafael Cantos, Arco, Iris, Gure Artizar et Gure Izarra) et trois navires auxiliaires (Nazareno nº1, Angel de la Guarda et Nazareno nº9), d'abord commandés par le capitaine Jesús de Landarte puis par le capitaine Angel Gabiña. Les minages successifs de Bilbao obligèrent à renforcer la Flottille de dragueurs de mines ; on en dénombrait 24, et 6 chaloupes auxiliaires à moteur. On leur attribua à tous un numéro précédé de l'initiale "D" ou "L".

Le dragade des mines de la direction de la défense de Biscaye et La Marine Auxiliaire d'Euzkadi (1936-37)
BarriÈre Découverte Draguée Type de mine Mines neutralisées Total
Recueillies Explosées Coulées
Abra 24-9-36 Octobre-36 Vickers ? ?   40
Castro 16-1-37 30-3-37 EME 20 28   48
Anti-dragueurs 37     37
OriÑon 25-2-37 15-3-37 Vickers 10 2   12
Anti-dragueurs 20     20
Pta.Galea 2-5-37 5-5-37 Vickers 26 17 2 45
TOTAL MINES NEUTRALISÉES 113 47 2 202

Mina de baston recogida por dragaminas vascosLe travail des dragueurs était de nettoyer les champs de mines qui gênaient la navigation. La procédure était simple : on tendait un câble métallique ou filet entre deux dragueurs, qui l'entraînaient par la poupe en navigant à la même vitesse et avec des courses parallèles, de la mer vers l'intérieur. Lorsqu'il avançait le filet accrochait le câble qui gardait la mine submergée et tirait dessus jusqu'à ce qu'il soit arraché de l'ancrage. Dans cette opération souvent la mine explosait spontanément et d'autres fois elle sortait à la surface où on la faisait exploser à coups de fusils ; d'autres fois on la remorquait à la terre pour la désactiver et prendre les explosifs qu'elle contenait. À deux reprises aussi les mines coulèrent alors que leur câble d'arrimage avait été coupé.

Le minage de Bilbao fut un échec complet ; les rebelles ne parvinrent jamais à paralyser le trafic marchand du port de Bilbao et ne provoquèrent que sa diminution pendant quelques jours à peine. Ceci était dû à deux facteurs principaux : les défauts du matériel utilisé - sauf peut-être les mines offensives - et le travail obstiné des dragueurs de mines basques. Il faut tenir compte du fait que personne dans la Marine de Guerre Auxiliaire d'Euzkadi n'avait d'expérience dans le dragage de mines et que la majeure partie de son personnel n'en avait même jamais vu auparavant. Et tout ce travail fut réalisé sans plus de victimes que celles subies lors du coulage du Goizeko-Izarra et du Mari-Toya, pertes sensibles mais très réduites dans l'ensemble.

ESQUEMA DE RASTREO MANUAL REPUBLICANO-4Après la chute de Bilbao, les dragueurs basques collaboreraient au dragage des champs semés face à Santander. La Marine basque mit à disposition de la républicaine au début juin une escadrille complète composée de 6 dragueurs de mines et de deux embarcations à moteur auxiliaires.C'est en raison de l'efficacité de ce travail que la Marine Républicaine décida d'intégrer les navires à son effectif à partir du 1er août. Ce jour-là, la Marine d'Euzkadi remit aux Forces Navales du Cantábrico les 8 navires qui avaient réalisé le dragage de Santander. Lors de l'évacuation de Santander, la plupart des dragueurs de mines partirent le 24 août pour la France, et arrivèrent le 25 à La Pallice. Seuls les L-1, la L-3 et les D-9, D-21 et D-22 passeraient aux Asturies, et poursuivraient leur travail à Gijón et Avilés jusqu'en octobre. Lors de la chute des Asturies, ils se réfugièrent à Bordeaux et à Arcachon. Tous les navires retourneront à leurs armateurs à la fin de la guerre.

Le dragade des mines hors d'Euskal Herria (1937)
BarriÈre Découverte Draguée Type de mine Mines neutralisées Total
Recueillies Explosées Coulées
Avilés(1º) 13-1-37 2-2-37 Vickers 13 4 17
Anti-dragueurs 1   1
Avilés(2º) 10-2-37 ? Vickers ? ? ?
Anti-dragueurs ? ? ?
El Musel(1º) 10-2-37 15-3-37 Vickers 3   3
Santander 2-4-37 30-5-37 EME 14 12 26
Anti-dragueurs 8   8
El Musel(2º) 2-5-37 Julio-37 EME 36   36
Anti-dragueurs 10   10
Cabo Mayor 4-7-37 10-7-37 Vickers 5 1 6
Galizano 12-7-37 24-7-37 Vickers 7 4 11
Gijón-Aviles 16-7-37 Octubre-37 Carbonit 14   14
TOTAL MINES NEUTRALISÉES 111 21 132